Comment gérer la fertilité des sols pour renforcer la souveraineté alimentaire en Afrique ?

Tel était le sujet de la conférence, organisée par le Cirad et l’AFD le 27 février dernier dans le cadre de la 60ème édition du Salon International de l'Agriculture de Paris, au cours de laquelle est intervenu notre collègue Gatien Falconnier.

L’insécurité alimentaire demeure un enjeu majeur en Afrique, continent où elle a le plus progressé ces dernières années. L’Afrique, qui connait une croissance démographique importante, doit produire plus pour assurer sa souveraineté alimentaire, sans toutefois que cela ne se fasse au détriment de son environnement. Renforcer la fertilité des sols est donc fondamental pour garantir une production agricole durable, capable de répondre à cette demande alimentaire en forte croissance.

Sur la base de ce constat, la conférence a abordé dans une première partie le thème "Enjeux globaux et la fertilité des sols", à travers deux présentations ("La sécurité alimentaire en Afrique reste un enjeu important" et "La fertilité des sols est le pilier de la production agricole"). La seconde partie portait sur le thème "Usage des engrais avec l’agroécologie : quelle compatibilité ?", avec une présentation de Gatien Falconnier, chercheur à l'unité Aïda du Cirad, basé à Hararé (Zimbabwe), intitulée "Usage des engrais minéraux en complément des pratiques agroécologiques pour accroitre la production agricole en Afrique".

Gatien a illustré le fait qu'augmenter la fertilité des sols n’appelle pas une réponse unique, mais des combinaisons de moyens qui incluent agroécologie et engrais chimiques. "Quatre études menées dans différents pays d’Afrique subsaharienne ont estimé que le rendement de maïs nécessaire pour améliorer la sécurité alimentaire est de l’ordre de 6 tonnes par hectare. Mais les rendements actuels des agriculteurs sont d’environ 2 tonnes par hectare. La raison principale : le manque de nutriments" indique-t-il.

Comment donc apporter suffisamment de nutriments pour atteindre cette sécurité ? "Parmi les solutions agroécologiques, les arbres fertilisants et les crotalaires sont très efficaces, mais ils n’intéressent pas les agriculteurs, car ils n’ont aucune valeur nutritive ni commerciale et bloquent une partie de la parcelle. Ils leur préfèrent les légumineuses à graines et le fumier, mais l’apport est alors insuffisant. Pour compléter celui-ci, l’utilisation des engrais chimiques est incontournable ».

Néanmoins, « des progrès doivent être faits concernant leur production qui représente 3,5 % des émissions de gaz à effet de serre. En outre, il faut impérativement utiliser le bon engrais, en bonne quantité, au bon endroit, au bon moment, en combinaison avec l’agroécologie, notamment les légumineuses et le couvert forestier qui augmentent fortement l’efficience des engrais chimiques" souligne le chercheur. "En revanche, les agriculteurs doivent bénéficier d'aides et d'incitations. Ils ne peuvent pas être les seuls à prendre en charge ce coût de l'agroécologie, coût en terre, main-d'œuvre, et trésorerie alors qu'elle est bénéfique pour l'environnement et la société", a-t-il précisé.

Publiée : 13/03/2024