Thèse : "Invasion de la mineuse de la tomate, Tuta absoluta (Lepidoptera : Gelechiidae) au Sénégal : dynamique des populations, gamme d’hôtes et potentiel de régulation biologique"

Elhadji Serigne SYLLA a soutenu cette thèse le 12 janvier 2018 auprès de l'Ecole Doctorale Science de la Vie de la Santé et de l'Environnement (ED-SEV) - Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal)

Depuis sa première détection au Sénégal en 2012, la mineuse de la tomate, Tuta absoluta (Meyrick) (Lepidoptera, Gelechiidae), est devenue une sérieuse menace pour la pérennité de la filière « tomate » au Sénégal. Les larves attaquent le parenchyme des feuilles (mines) mais sont également capables de creuser des galeries dans les jeunes tiges et dans les fruits. Le ravageur s’est signalé lors de la campagne 2013 par la destruction de parcelles de tomate plein champ, en particulier dans la zone de production maraîchère des Niayes. L’objectif principal de ce travail était de contribuer à l’amélioration des connaissances sur la dynamique des populations de l’insecte et sur la bio-écologie du ravageur au Sénégal, afin de renforcer la surveillance et proposer des stratégies durables de gestion des populations de la mineuse de la tomate.

Cette thèse visait à faire le point sur la progression du ravageur à l’échelle du pays, de suivre la dynamique de ses populations dans la zone la plus infestée (hot spot), de recenser les plantes hôtes qui permettent à ses populations de se maintenir ou de se multiplier, d’identifier les ennemis naturels indigènes et d’analyser en fin l’influence des pratiques agricoles et de l’organisation du paysage sur l’abondance de T. absolua et ses ennemis naturels.

 Le suivi d’un réseau national de 45 pièges à phéromones nous a permis de confirmer sa présence en 2015 sur tout le territoire, même dans des zones où la culture de la tomate n’est pas importante. Dans la zone la plus infestée (Niayes), l’infestation peut atteindre 60% des cultures de tomate en moyenne allant même jusqu’à l’abandon de parcelles. Dans cette zone, les populations de la mineuse sont faibles pendant la saison des pluies, puis se reconstituent pour atteindre un pic en fin de saison sèche. Des dégâts de la mineuse sont observés sur d’autres cultures de Solanacées, comme la pomme de terre, l’aubergine douce, l’aubergine africaine le poivron et le piment. Cependant, l’étude de la gamme d’hôtes faite au laboratoire a montré le rôle des plantes alternatives telles que  la pomme de terre, l’aubergine douce, l’aubergine africaine comme plantes « réservoirs » en saison des pluies ou lorsque la tomate n’est pas disponible, le poivron et piment comme plantes accidentelles.

Des prospections sur le terrain ont permis d’identifier des parasitoïdes (taux de parasitisme <1%) et des prédateurs dont le plus abondant est Nesidiocoris tenuis (Hemiptera Miridae), comme potentiel agent  de lutte biologique. Notre étude dans la zone sud des  Niayes sur 50 parcelles en 2015 et 2016, a montré que les pratiques agricoles comme l’irrigation par lance et la fréquence des traitements insecticides avaient un effet négatif sur l’abondance des larves de T. absoluta et des prédateurs, tandis qu'une densité des plants élevée favorisait l’infestation. Une corrélation positive a été notée entre la proportion de tomate autour des parcelles  et l'abondance des papillons de T. absoluta. La proportion relative des habitats semi-naturels dans le paysage est positivement corrélée avec l'abondance des prédateurs. Ces résultats apportent une contribution significative pour la mise au point de méthodes de lutte innovantes et durables.

Publiée : 15/04/2018