Thèse Juliette LAIREZ

Juliette LAIREZ a soutenu publiquement le 2 décembre 2020 à Montpellier ses travaux de thèse intitulés "Evaluer la durabilité des systèmes de culture dans un contexte de transition rapide d’une agriculture familiale s’intégrant au marché. Cas de la monoculture mécanisée du maïs en Asie du Sud-Est". Elle a obtenu le titre de docteure en agronomie de Montpellier SupAgro.

Résumé : L’évaluation de la durabilité des systèmes de culture est un enjeu particulier dans des exploitations de subsistance proches du seuil de pauvreté, s’intensifiant et s’intégrant rapidement au marché. Le défi est double : prendre en compte à la fois les objectifs socio-économiques à court terme des agriculteurs (sortir de la pauvreté, sécurité alimentaire, revenus) tout en fournissant des indications sur la manière d'éviter que les transitions rapides conduisent à une agriculture conventionnellement intensifiée avec des dommages sociaux et environnementaux irréversibles. L’objectif de cette thèse est de contribuer aux travaux sur les méthodes d’évaluation intégrée et multicritère discutant de compromis localement les plus acceptables entre objectifs socio-économiques de court terme et objectifs de durabilité à long terme pour des systèmes de culture dans des fermes en transition. La thèse développe une approche originale qui combine de nombreux outils méthodologiques en 3 étapes: 1) Identification de critères de durabilité localement pertinents en associant les perspectives des agriculteurs aux résultats d’un diagnostic agronomique adapté, 2) Diagnostic agro-environnemental pour quantifier les indicateurs de durabilité de différents types de système de culture pratiqués par les agriculteurs et quantification des marges de progrès pour améliorer la durabilité suivant les zones biophysiques auxquelles les agriculteurs accèdent, 3) Evaluation de la variabilité des marges de manœuvre pour augmenter la durabilité suivant le type de ferme et les objectifs des agriculteurs. Le cas d’étude est le Nord-Laos. Des systèmes de culture de subsistance à base de riz pluvial se sont transformés en 20 ans en monoculture mécanisée de maïs hybride avec des risques accrus sur l’environnement. Dans ces systèmes de production qui combinent une production autoconsommée et une agriculture orientée vers le marché, l’étape 1 de cette thèse montre que les agriculteurs ont des préoccupations socio-économiques à court-terme (revenu, sécurité alimentaire) mais aussi des préoccupations à moyen et long-terme (transmission de leur ferme, risques liés aux herbicides, fertilité). Le diagnostic agronomique de l’étape 1 indique que l’échec de la mise en culture du maïs est le principal facteur à l’origine de faibles rendements et de la forte utilisation d’herbicide. L’étape 2 montre qu’un système alternatif avec une mise en culture réussie, pourrait doubler les performances de durabilité sur les critères suivants : utilisation des herbicides, productivité de la terre, sensibilité aux adventices et au stress hydrique et productivité du travail. Toutefois, l’alternative évaluée réduit les performances en matière d’efficience de l'azote et d'érosion. L’étape 3 montre qu’augmenter la productivité du maïs ne permettra pas une sortie de la pauvreté des fermes les plus pauvres et les plus contraintes en capitaux (terres, main d’œuvre, trésorerie). L’amélioration de la mise en culture est le plus bénéfique pour la durabilité des fermes déjà les mieux dotées en capitaux car elle permet de réduire significativement leur utilisation d’herbicide et augmente leur revenu.

Composition du jury

M. FRANCOIS AFFHOLDER  CIRAD  Directeur de thèse
M. Jean-Marc BLAZY  INRAE  Rapporteur
M. Jean ROGER-ESTRADE  AgroParis Tech UFR DISC  Rapporteur
M. Stéphane DE TOURDONNET  L'institut Agro-Montpellier Supagro  Examinateur
Mme Aurélie METAY  L'institut Agro- Montpellier Supagro  Examinatrice
Mme Katrien DESCHEEMAEKER  WUR  Examinatrice
M. Damien JOURDAIN  CIRAD  Invité

Published: 03/12/2020